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Des PC800 au Maroc
Écrit par Chrise&Semeac   

     Mon premier grand voyage sur longue distance avec ma PC, sur 13 jours: 5300kms dont 2750kms de voies rapides essentiellement en Espagne avec une traversée du détroit sur catamaran entre Tarifa et Tanger. Le Maroc n'est pas très loin du Sud de la France et on peut y aller par la route sauf bien sur cette traversée du détroit de Gibraltar. Les motos se doivent d'être un peu révisée avant le départ pour supporter le voyage  notamment les pneus et il faut penser à emporter de l'huile moteur,  l'huile moto étant rare au Maroc. On peut rouler sans problème avec une routière sur une grande partie du Maroc, accéder aux sites les plus vus, les pistes se retrouvant couvertes de bitume d’année en année. L’aventure hors-piste reste encore ancrée dans beaucoup de têtes mais les nombreux 4X4 qui « dépaysent » les touristes font comme leurs homologues de Paris : ils arpentent l’asphalte. Le Maroc présente une diversité de paysages superbes, sublimés par l’immensité des espaces. Mes réticences initiales ont été balayées dès Chefchaouen, pour moi la porte principale, la première porte qu’il faut franchir pour bien apprécier la magie marocaine.

Régions traversées: Le Rif, le Moyen Atlas, le Haut Atlas, près de la frontière Saharienne à Merzouga et Zagora.

Comme une porte s'était entrouverte, du coup mes réticences se sont envolées.

Tout là-bas, une PC bleue près d'une porte, comme pour une envolée...

 

 

     On a franchi le détroit à l’aide d’un Ferry entre Tarifa et Tanger. Sur le catamaran, il y a marqué 35mn, c’est vrai que c’est rapide. Mais pour atteindre Tarifa, il faut traverser toute l’Espagne (plus de 1300kms), cela se fait essentiellement par voies rapides.  La  circulation a été relativement fluide et le macadam conforme à ce qui se fait en Europe. La conduite des Espagnols se calque sur celle des Français, répression et crise économique obligent. Comme en France ,la présence policière n'est pas énorme, les radars fixes veillent à la place de l'homme, les machines n'ont pas le même look qu'en France.A l’aller nous sommes passés par Madrid et au retour par Salamanca. A l’unanimité, on a préféré ce dernier parcours. Mais au prix annoncé par DDsite sur la traversée maritime Barcelone/Tanger, il vaut certainement mieux adopter sa solution, plus reposante pour les machines et les pilotes. La croisière en bateau y est plus longue, propice aux prémices d'un beau voyage.

Le tracé de gauche, le plus rapide en temps, en plus d'éviter la capitale, s'avère plus touristique.

Catamaran impressionnant, survolant la mer entre Tarifa et Tanger. Compagnie FRS.

Deux PCs bien entravées, avant d'être relâchées de l'autre côté, en route vers le désert.

 

 

     Rouler à moto au Maroc est facile. Ici les routes sont réservées à la circulation, ce n’est pas le cas dans certains pays. On rencontre souvent des carrioles tractées par des mulets mais ce n’est pas pire qu’en France, lorsqu’au détour d’un virage, on tombe sur une voiturette sans permis. Les animaux ne divaguent pas tant que çà, les troupeaux sont tous gardés, on n’a pas vu une seule poule et les chiens ne courent pas les rues. Les automobilistes respectent à peu près le code de la route, je n’ai à aucun moment ressenti un réel danger. Sur l’autoroute dont la vitesse est limitée à 120, il n’est pas rare de voir des gens sur les bas côtés et même qui la traversent. On est quand même dans un pays du Sud. Il faut fréquemment une attention soutenue au guidon, le revêtement étant souvent très glissant et l’entretien des routes négligé : on tombe fréquemment sur des portions dégradées, des nids de poule, des dos d’âne, de la tôle ondulée, bien sûr sans panneaux avertisseurs. Sur les cartes routières les routes tracées peuvent redevenir des pistes en fonction des perturbations climatiques. Les panneaux d'indication de direction sont relativement bien présents et compréhensibles par les touristes. Le GPS n'est pas obligatoire, les gens du coin ne sont pas avares de renseignements. A l'entrée des villes, on se fait souvent accoster par des types motorisés qui proposent de nous guider. On trouve des stations en nombre suffisant pour les ravitaillements en essence. Bien sur si vous tombez en panne mécanique avec une machine sophistiquée, c'est quand même la galère.

Les ânes sont encore très sollicités, les engins roulants très bricolés.

Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés, dicton encore très établi

On roulait tranquille, les fleurs à portée de roues de PC.

Mais un oeil toujours rivé à la route, guettant nids de poules, mares à canards, traînées traîtres de sable

Cathy n'arrêtait pas de monter sur ses grands chevaux.

 

 

     Les marocains ne roulent pas à moto. On a donc rarement l’occasion de saluer de la main gauche, d’autant plus que les motards Allemands qu’on croise ne saluent pas en général. Ici, la moto n’est sans doute pas un moyen de locomotion économiquement raisonnable. Le pratique l’emporte toujours quand il faut se démener pour vivre. Ils ne doivent pas connaître le contrôle technique et les poubelles à roues sont nombreuses. Des camions vintages, un peu moins chargés qu’en Afrique cependant, vous noircissent les poumons au moindre virage de montée. Les engins avec guidon sont des 3 roues de fabrication chinoise, très pratiques quand il faut transporter n’importe quoi mais toujours beaucoup de choses dans la plateforme arrière. Dans les villes, on voit beaucoup de scooters à grandes roues et le port du casque ne semble pas obligatoire. Ici les motos attirent encore les regards.

57 Chevaux à gauche, combien à droite? Sans doute en route vers une quelconque Fantasia?

Les Logan de touristes ne jouent pas dans le même registre que les taxis de piste.

Les Chinois inondent  le monde de leurs tricycles rustiques qui ,comme les pauvres ânes, rendent service jusqu'au bout.

Ils ont détrôné les Japonais, mais sans doute ne sont pas encore sûrs d'eux et prennent encore des noms d'emprunt.

 

 

     Il y a de belles et grandes voitures neuves, il y a des riches, même au Maroc. Les 4 roues les plus pénibles sont souvent les gros 4x4 qui véhiculent les touristes, formant des convois comme les caravanes autrefois dans le désert, conduits par des chauffeurs autochtones qui veulent impressionner leurs passagers et pour ce, roulent comme s’ils étaient en pays conquis. Les routes marocaines sont sillonnées par de grosses vieilles Mercedes (le fantasme Pigeot  est loin) qui servent de « Grands Taxis », les « Petits Taxis » souvent des Fiat Uno restant dans les villes. La police est omniprésente avec des cinémomètres identiques à ceux qu’on voit en France, et elle verbalise à tour de bras ,essentiellement les autos, les motos bénéficiant d’un régime de faveur. La police marocaine n’a pas beaucoup de motos, tout au plus quelques BM et quelques Deauville et vont rarement par 2. Dans le centre du Maroc, la circulation n'est jamais intense, et on reste rarement longtemps derrière une file de véhicules.

Dans les grandes villes, le Maroc oublie son âme, rigueur et cordeau sont corolaires  du monde moderne. Un  4x4 c'est bien mieux que 16 dromadaires, même les Berbères n'y résistent pas.

Petit taxi deviendra grand, qu'importe si c'est pas assez cher mon fils, c'est super pratique.

A Fès, ils sont rouges, ils pullulent, roulent de jour comme de nuit, n'appartiennent pas à des compagnies. Un taxi a souvent 2 propriétaires qui se relaient pour rentabiliser l'affaire.

Les Flics, impeccables dans leurs tenues, sont bien présents sur les routes, laserent tout azimut, ne chôment pas, mais certains relatent des histoires de bakchichs.

 

 

     Mais je commencerai mon histoire marocaine avec Chefchaouen dont le nom déjà est un enchantement; cette petite ville est nichée à 600m à flanc de montagne, elle n’est accessible qu’après une série de virages. On n’atteint la médina qu’après avoir traversé la ville. C’est une toute petite médina comparée à celle de Fès; dans celle de Fès, on a failli se perdre dans son labyrinthe de ruelles. Isolée dans son recoin de montagne, toute de bleue peinte, proprette et humaine, je me suis tout de suite senti,  pas comme chez moi, mais bien, détendu et ce n’était pas parce que j’avais traversé le Rif., qui comme chacun  sait est synonyme de kif. Pourtant on colporte que Chefchaouen fut longtemps une ville interdite, et que même on y avait empoisonné un des rares chrétiens un peu trop curieux qui s’y était aventuré, mais c’était au 19° siècle. En beaucoup d'endroits, pas uniquement dans le Rif, des bouffées d'odeur de haschich se glissent sous le casque au détour d'un virage, au creux d'une campagne, bien plus souvent que les odeurs d'épices. Dans les guides, on parle de revendeurs de produit qui font "bronzer la tête" dans les ruelles de Chefchaouen, nous on n'a pas été importuné.

La Kasbah est un peu austère et tranche sur le bleu des maisons de la médina.

Les pavés humides sont extrêmement glissants, on y marche à petits pas, agrandissant l'espace de la ville d'autant.

Les ruelles épousent les contours du relief en coins et recoins et ne sont vides qu'aux petits matins

Surenchère de bleus pour se démarquer des voisins.

C'est à la nuit tombée que la vie est la plus intense et cela comme dans toutes les villes du Maroc.

Ici, les motards deviennent obligatoirement piétons.le choix du type de véhicule ne se pose pas.

Bleus de Chefchaouen, djellaba blanc, fez rouge, mais on est là-bas.

Le plus vieux hammam de la ville encore chauffé au bois. çà et là de nombreux couples de chats SDF se blottissent pour se réchauffer en attendant le premier rayon du soleil.

Une touche de modernité complètement has-been

 

     L'hébergement au Maroc, pour les touristes, n'est pas un problème, surtout dans les villes. On avait quand même pris  la précaution de réserver avant le départ mais  téléphoner la veille pour le lendemain est tout à fait possible. Le problème qu'on rencontre parfois, est la remontée d'odeur d'égouts due à des installations de plomberie pas très réglementaires. On est tombé sur des salles d'eau qu'on ne trouve pas en France, où les vasques et receveurs de douche sont façonnés en tadelakt lisse, coloré et aux formes inspirées sur le moment, en tout cas très beau. On tombe parfois sur de belles surprises. Dormir comme un Pacha dans un riad à Fès, pour pouvoir s’en souvenir pendant 1001 nuits. Les riads sont d’anciennes maisons restaurées, appartenant pour beaucoup à des étrangers, servant d’hôtels de luxe. En marocain le riad est un jardin clos. Dans les médinas actuelles, les pièces d’un riad donnent sur une cour intérieure où subsistent 1 ou 2 orangers. Il y a très peu de fenêtres donnant sur l’extérieur. Quand on passe dehors dans la rue, on ne peut deviner le raffinement des pièces à l’intérieur. Quand on rentre pour la première fois dans un riad, on ne peut qu'être émerveillé par les matériaux, les motifs, l’ambiance, l’impression de luxe.

2 orangers avec 2 oranges cachant  la fontaine centrale

Dans un riad, l'introspection est de mise, on ne recherche pas l'alternative extérieure.

Luxe calme et volupté façon marocaine, les zelliges ont la part belle.

On vit sa vie avec emphase, l'espace n'est pas un souci, surtout pas ici.

Quand ils ont envahi le bas de l'Europe, ils ont du trouver les intérieurs bien fades.

Ma Shéhérazade, vous prendez bien un peu de thé à la menthe.

Harmonie de couleurs mais le bleu est la préférée

 

 

     Le problème des hôtels et maisons d'hôtes, c'est que les prestations se calquent sur les standards internationaux.  Partager un instant de vie avec l'habitant, c'est vivre un moment à la marocaine et c'est autrement plus dépaysant, même si cet habitant est venu vivre un moment en France. On se rend alors compte de quelques différences, de plus en plus ténues avec le temps qui passe. La façon de servir les repas, ce qu'on trouve au premier repas de la journée, l'hygiène élémentaire. Dans le couscous qu'on nous a servi, qu'on mange à même le grand plat apporté et disposé au centre de la table, avec une cuillère personnelle toutefois, il n'y avait pas beaucoup de viande. On apprend alors que la viande est plus chère qu'en France si on fait le ratio coût du kilo et salaire moyen. Alors ils rêvent, forcément d'ailleurs, d'aller travailler en France parce que c'est moins la misère, mais il est très difficile d'obtenir une carte de séjour depuis ces dernières années par la voie officielle et les passeurs demandent 30000 Dirhams. Les jeunes qui apprennent le français dès l'école primaire préfèrent l'anglais qui est enseigné à partir du collège parce qu'ici aussi le rêve américain prend le dessus. Le nombre de classes d'école est tellement limité par rapport au nombre de jeunes qu'ils sont obligés de fonctionner en 2x8: une fournée le matin et une deuxième l'après-midi. Après avoir vendu quelques babioles aux touristes le matin, Mohamed, cartable sous le bras part résolument apprendre son avenir.

Le thé à la menthe, un moment de convivialité. Il y a tout un rituel dans sa préparation et son service tellement qu'on est surpris lorsqu'on apprend que cette coutume n'est pas si vieille que çà: 150 ans.

Une Pizza mais Marocaine, préparée sur une peau de chèvre à même le sol. Je revoie encore ces mains, dont une recouverte de hénné, malaxer la pâte, dans cette petite cuisine meublée à l'occidentale mais peu utilisée parce qu'il est bien plus naturel de travailler sur le sol.

On comprend l'importance des tapis. Les Marocains préfèrent être au ras du sol avec un coussin au creux des reins. Le salon et la chambre ne présentent pas de différence. Le lit qu'on voit doit être installé pour les étrangers.

Un bac à douche en tadelakt  coloré façonné en fonction de l'inspiration du moment. Ce matériau est lisse et étanche, de quoi personnaliser efficacement sa salle d'eau.

Une tente Berbère pour touristes aux parois en dur. C'est sobre, c'est suffisant, c'est presque l'ambiance Zen.

 

 

     Ce qui est agréable lors d'un voyage, c'est quand vient l'heure du repas. On roule, on roule et on sent à un moment des tiraillements au niveau de l'estomac. Les traversées des villages dès lors se chargent d'une nouvelle préoccupation: trouver une bonne table. On est rarement déçu, pourvu qu'on aime les tajines, les brochettes ou les keftas. Les keftas sont des boulettes de viande relevées avec de l'oignon et des épices. Des épices, les marocains en usent et en abusent. Le cumin sur les oeufs durs  du matin , la cannelle sur les tranches d'orange. Les tajines peuvent être variés à l'infini en fonction de ce qu'on y met, on ne peut pas s'en lasser. Les brochettes grillées sur charbon de bois sont débitées sur le moment, de la carcasse qui pend en plein soleil. Le tout se mange avec du bon pain frais en forme de galette. Il est dommage qu'on soit obligé de bouder les salades de crudités pour cause de possibles turistas.

Petit snack sur le bord de la route où il fait bon de faire une halte le moment venu. Le cadre n'est pas idyllique mais chez le voisin c'est kif kif, on compte sur la chance pour attirer le chaland.

Olives de toutes les couleurs pour faire patienter avant que viennent les brochettes. L'huile d'olive sur un peu de pain c'est délicieux.

Bien dans l'esprit routier: on s'arrête, on mange, on repart

Ce n'était pas encore la saison des mouches et ma foi c'est assez ragoutant et la viande est souvent très bonne. Au moins, on sait ce que l'on mange.

Forme typique des tajines qui sont soit le récipient servant à la cuisson soit le plat lui même. Ces plats restent des heures sur des petits brûlots au charbon en attendant le client.

Tajine au poulet au citron et aux olives

Tajine mouton figues. Le mélange du salé et du sucré est succulent

 

 

     La cuisine différencie les pays entre eux mais l'habitat également. L'homme utilise toujours le matériau qu'il trouve autour de lui, en fonction des conditions environnantes mais surtout de sa sensibilité, il crée un cadre qui lui est propre. Avant la facilité des grands voyages, cette sensibilité était préservée. Maintenant ,  dans ce chapitre également on tend vers des standards. J'ai vu beaucoup de maisons modernes au Maroc qui ressemblent étrangement à ce qu'on peut voir au Viêt Nam. Les kasbahs, les ksours, c'est autre chose. Faîtes en pisé, mélange de terre et de paille non cuit, ce matériau présente des propriétés d'isolation thermique, idéales en ces lieux, mais souffre énormément des pluies torrentielles. Certains, plus admirables encore que d'autres ont été inscrits au patrimoine mondial de l'humanité et font l'objet de programmes de conservation. Cet habitat typique agrémente assurément le voyage.

Le ksar d'Aït Benhaddou qui a été le cadre de tournage à de nombreux films ,fait partie du patrimoine mondial de l'humanité à juste raison.

Terre ciselée protégeant ses occupants des attaques du soleil et  des méchants. Dentelle de terre rosée, esthétique , aux motifs simples et presque géométriques qui ravit étonnamment.

Des petits yeux  regardent avec anxiété un groupe d'envahisseurs franchir une de ses portes, envahisseurs bien nécessaires pour financer la conservation. Actuellement on peut contourner l'entrée payante mais il est question de remédier à çà dans un futur proche.

Tour en pisé qui semble bien rigoler du temps qui passe et des intempéries puisque protégée par un programme de conservation.

De sa terrasse, au beau milieu du ksar, un verre de thé à la menthe à la main, on surveille son voisin... qui vous surveille .

La majorité des maisons ont une terrasse,  qui n'ont peur que d'une chose: la violence de la pluie.

Les kasbahs sont parfois rudimentaires, on fait avec ce qu'on a et parfois, on a peu.

Dans un beau cadre, peu importe si on est isolé, il y aura toujours quelqu'un pour venir vous admirer.

 

 

 

     Je voulais rapporter des babouches, ce n’est pas trop encombrant et relativement typique, moins sans doute qu’un tapis qui est plus révélateur de l’artisanat marocain. Savez vous différencier une babouche Berbère d'une babouche Arabe? On a découvert dans une ruelle de la médina de Fès une fabrique d’objets en cuir et on a pu voir les dessous fort en odeur de cet artisanat. La peau de bête étant débarrassée de la laine, elle passe par une foultitude de bains tous plus sinistres les uns que les autres, dont un à base d’excréments de pigeons, puis par des stations de découpe et de couture pour terminer sous des lumières crues sous forme de sacs, de poufs, de ceintures et autres vestes aux couleurs qui n’existent même pas dans la nature. C’est un travail qui se transmet de père en fils mais il faut que ce dernier n’ait rien vu de la vie extérieure pour continuer une telle galère. Ces achats ont donné lieu à une formidable scène de marchandage, moi qui ai horreur de çà, qui s'est conclu avec un contentement mutuel et du client et du vendeur... cela est possible. Avec le temps, je trouve tout de même que le travail cousu main  n’est pas de qualité supérieure.

Réception, triage et premiers traitements des peaux, par des hommes et des bêtes dans une odeur  soutenable, à peine, parce que le temps n'est pas encore très chaud

Le petit cheval ferme les yeux, que peut il penser de la condition humaine

Bains de traitements de couleurs variées. Y a t il un circuit établi de trempage?

Protection bien faible du personnel et que dire de la couverture sociale et médicale?

Je n'ose pas imaginer où coule le jus de l'essorage.

Séchage, pour le moment le cuir ne ressemble encore à rien

Entre la cour et l'intérieur de la fabrique, c'est le jour et la nuit.

800? c'est trop cher, je t'en donne 500...pour ce prix, on ne peut avoir que des produits faits à Taiwan...regarde c'est pas collé, c'est du cousu main...

 

 

     Les paysages sont variés et vastes, les changements constants. du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, on trouve presque tous les types de  paysages. Les couleurs de la terre, des roches, et de la végétation changent également tout le long du voyage et également en fonction du moment de la journée. La face tournée au soleil et aux intempéries d'un caillou n'a pas la même couleur que celle qui est tournée vers la terre. Je n'ai toutefois pas vu de prairies grasses et de sous bois aux feuillages d'un vert tendre. Un paysage typique de par ici  et de tout le Maghreb est le paysage d'une oued traversant un plateau désolé. On a alors la vision d'un fleuve vert où le vert du feuillage cache l'eau. Souvent l'eau n'est plus, mais le vert arrive à perdurer jusqu'à la prochaine crue. Le vert des palmiers cache également le vert plus tendre des cultures.

Un fleuve vert large et tranquille de vie qui serpente en creux sur un plateau caillouteux et aride, et au milieu coule le Ziz

 

C'est le printemps, les carrés de céréales sont encore de couleur vert tendre

Les habitations se situent un peu à l'écart de l'oued, elles se méfient des débordements intempestifs de ce dernier.

On ne voit plus l'eau, il reste le vert, qui tranche avec la couleur de la terre.

 En bas la promiscuité et la vie, en haut l'envie de liberté.

Une des plus grande palmeraie du Maroc, alimentée par le Drâa du côté de Zagora. Tout le long de la route, on vous propose des dattes.

Il y a bien longtemps, les habitants du ksar Meski, devaient déjà profiter des trésors de cette palmeraie et de la source bleue toute proche.

Dans le lit des oueds, lorsqu'on regarde aux alentours, on voit bien que la vie c'est l'eau.

 

 

     C’est aussi la présence assez importante d’eau qui surprend. J’avais dans l’idée un pays sec. A Merzouga, où commencent les dunes du désert, l’eau court à quelques mètres sous la surface et ne tarit jamais selon les dires de notre guide. Il y a plus de 300 millions d’années, le climat ici était tropical, l’eau était partout ; c’est ce que témoigne la présence des fossiles de goniatites ou d’ammonites qu’on trouve çà et là entre les cailloux de ces plateaux désolés du Haut-Atlas. Source Bleue, Torrents, Cascade d'Ouzoud, Oueds, lacs, l’eau est bien présente. Il y a beaucoup de grands lacs, de retenues d'eau mais pas de larges fleuves impassibles.

Qu'importe le lieu, l'eau c'est 2 coups de coeur

La Source Bleue, domestiquée dès sa sortie de terre, tellement limpide qu'en me penchant pour boire, j'ai vu tous les soleils y venir se mirer, s'y jeter à mourir tous les désespérés...

Un torrent traçant un sillon dans le Haut Atlas et aussitôt c'est des rires et des cris au milieu de ce vert qui jaillit de la terre

La cascade d'Ouzoud, la plus haute du Maroc, assourdissante de tomber de 110 mètres

C'est des paysages semblables qu'imaginent les concepteurs de jeux videos

Fossile de Goniatite de l'Atlas débarrassé de sa gangue, celui ci devait vivre il y a 300 millions d'années

 

 

Pour cause de perte de photos d'une carte mémoire, mon reportage s'arrête là. J'aurais pu parler du Désert du côté de Merzouga (les photos de l'erg Chebbi sont les seules photos que je regrette vraiment, car elles étaient magnifiques), des gorges du Ziz, du Todgha , du Dadès, ces dernières sont mes préférées. Les paysages lors du passage du Moyen au Haut Atlas sont aussi à raconter, mais il vaut mieux aller les voir avec vos yeux, car les grands paysages sont difficiles à exprimer avec des photos. Il est bien sur impossible de faire le tour du Maroc en 12 jours. Ce qui précède n'est donc qu'une première impression, mais je peux quand même affirmer que le Maroc est un bien beau pays.

Les PC800 se sont admirablement comportées. Tous les matins, elles ont démarré sans rechigner, même à Merzouga où on a eu la surprise de les retrouver sous une grosse pellicule de sable au réveil. Il y avait eu une petite tempête de sable durant la nuit. Lourdement chargées, l'autoroute à 6000trs/mn ne leur fait pas peur, on a traversé toute l'Espagne d'une traite. L'autonomie dans ces conditions est toutefois faible, moins de 200kms. Dès 160 à 170kms, en plus de regarder le paysage, il faut commencer à chercher une station. Ce qui est bien c'est que cela économise les cavaliers; de toutes façons, ce sont des motos confortables, souples, silencieuses et qui protègent relativement bien leurs occupants du vent. J'avais quelques interrogations depuis le remplacement des amortisseurs d'origine par des Hagon. Je peux affirmer après ce périple qu'ils sont très adaptés pour les roulages lourdement chargés, une journée entière de moto et pas de mal aux derrières ni de fatigue excessive. Par contre lorsque je roule seul, à vide, ils sont très fermes. Dans les conditions actuelles de circulation, le moteur de 57ch est suffisant mais il faut parfois patienter avant de doubler. Sur le chemin du retour, à quelques centaines de kms de la maison, le cardan faisait beaucoup de bruit, il nous a quand même permis de rentrer. Il était temps, mais à sa décharge, il s'était déjà manifesté, bien avant le départ, par des petits grognements. Nos PC800 âgées de 20 ans ont encore de beaux jours devant elles.

 

Avril 2010

4 motos: 2 PC800, 1 Norge1200, 1 R1200RT

6 personnes: Chrise, Cathy, Ben, Lapouble, Norge65, Semeac

Organisateur: Norge65