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SICILE, si à moto
Écrit par Chrise&Semeac   

     La Sicile, c’est un concentré de cultures venues des 4 coins de la Méditerranée. Sur cette île se juxtaposent sensibilités Grecques, Byzantines, Arabes, Normandes, Aragonaises et autres qu’on ne voit pas parce que ces derniers n’ont pas laissé de souvenirs. C’est très riche pour les yeux, c’est très riche en parfum au printemps et c’est très riche dans les assiettes ; le rêve pour tout touriste. La plus grande île de la Méditerranée mais  on peut en faire le tour aisément, nous, on a mis 15 jours. C’est une île montagneuse, donc on y voyage en 3d. C’est méditerranéen avec un bonus volcanique : l’Etna, toujours actif.

1° jour, cela commence mal, on avait fait escale à Montpellier et au matin, au moment du départ, la pluie (annoncée) était bien là et nous a accompagnés tout au long du chemin, durant 7 heures jusqu’à Gênes où on devait prendre le Ferry pour Palerme. Rouler à moto sous la pluie, c’est bien sûr pas très agréable. On a beau être équipé de tenues de pluie, cette dernière, au bout de quelques heures arrive toujours à franchir les barrières et à s’infiltrer jusqu’à la peau, par le haut, au niveau du cou, passage par le col et par le bas, au niveau de l’assise, par je ne sais où mais les fesses se retrouvent humides. Sans compter les voitures qui dans pareils moments se sentant plus à l’aise, vous poussent un petit peu et vous crachent dessus une fois le doublage fait.

A l’arrivée sur Gênes, il ne pleuvait pratiquement plus, mais ce n’était pas le souci du moment, il s’agissait plutôt de trouver le lieu d’embarquement, surtout qu’il y avait marqué qu’il fallait se présenter 2h avant le départ. Je n’avais pas pris l’adresse exacte, car pour moi, le fléchage devait être évident. Gênes c’est tout compte fait, très grand, le tour de ville dans des conditions non idéales m’a fatigué un peu plus. Mais avec un mélange de parler gestuel, de Français, d’Espagnol d’Anglais et d'Italien, on finit par arriver à bon port. La réservation des billets par internet, çà marche bien, et comme d’habitude, on se retrouve devant les files de voitures, à regarder le ballet des déchargements de semi-remorques en attendant le feu vert. On n’était que 2 motos pour une foultitude de voitures, camionnettes et camping-cars. L’autre moto, une BMW GS appartenait à un couple de Siciliens qui rentrait chez eux.

 

Heureusement que les cabines des ferries de Grandi Navi Veloci sont spacieuses et chauffées. Il a bien fallu tout le temps de la traversée pour faire sécher les vêtements, mais apparemment ils n'ont pas trop prévu pareilles situations. Le sèche cheveux du cabinet de toilette a été mis à rude épreuve.

 

20h de bateau, c’est très long, il faut de la lecture pour passer le temps; surtout que vous avez déjà lu et relu votre guide de voyage préféré et  surtout qu’au réveil et durant toute la matinée, il n’y a rien à voir autour du bateau, à part la mer, d’une morne platitude mortelle parce qu’il fait beau. Une si grande étendue d'eau n'est pas si vide que çà. Lorsque l'on fixe la surface longtemps, il y a toujours çà et là quelque chose qui apparaît: plastique, bouteille, polystyrène...Nous sommes en 2011.

Grandi Navi Veloci a de très beaux bateaux. Ils ont la suprématie entre Gênes et Palerme. Il existe bien un concurrent(T-Link lines, Italien lui aussi, je n'ai pas trouvé de ligne partant de France), mais ce dernier ne proposait pas de bateau pour notre période de vacances. 2 petites critiques toutefois: rallier 2 points extrêmes du bateau est un peu compliqué et les instants du débarquement ne sont pas d'une simplicité simple. Etant maître à bord,  ils en profitent un peu au niveau tarif; un jus d'orange à bord: 4,30Euros. Un avant goût de Dolce Vita?

 

Terre...terre... Palerme en vue. Pile à l'heure. Mer d'huile, traversée sans encombre. Quand on a passé son temps à regarder les cartes à plat de haut, pour préparer le voyage, on est surpris de constater que l'île est très montagneuse. Je pense déjà à la route pour sortir de Palerme pour atteindre le premier point de chute. Dans le GPS, tous les circuits sont déjà programmés.

 

On a voulu s'immerger de suite au coeur de la vraie Sicile, une demi pension dans un agriturismo perdu au fin fond de la campagne. Une vieille maison de 1886 mais avec les commodités actuelles, perdue dans un immense verger de citronniers, pamplemoussiers, orangers...en fleurs. La propriétaire mange même les fruits de ses bananiers. Quand on traverse la propriété pour atteindre la maison on est tout imbibé de ces fragrances d'agrumes. Ne pourrait on pas, pour cette nuit, dormir dans le verger?

 

Une cuisine avec tous les accents du terroir. Donatella Pucci sait recevoir, pour le repas de ce soir, c'est menu de Pâques nous dit elle. On dîne avec un couple d'Allemands distingués, vieille école; tout le monde fait de son mieux pour échanger, en Anglais, nos impressions respectives sur la cuisine sicilienne tandis que défilent les plats d'antipasti, de primiri, de secondi, de contorni et tutti tutti. Le vin chaleureux achève pour vous la soirée. Avez vous goûté une vraie orange, juste cueillie de l'arbre?

 

La première balade sicilienne se passe dans les Madonies qui pourraient ressembler aux Baronnies des Pyrénées, aussi désertes, à part les maisons des villages très agglutinées. C'est le printemps et tout est en fleurs, c'est très coloré sur fond de vert tendre, on est loin des paysages brûlés de l'été. Il fait beau, mais un méchant vent nous malmène quelque peu, nous balançant d'un côté à l'autre de la route. Heureusement qu'il n'y a pratiquement personne. Les routes siciliennes de l'intérieur sont très enclines à s'affaisser. C'est pratiquement toujours indiqué mais cela n'évite pas la taille de la surprise.

Dans ce coin, les vestiges sont plutôt Normands au vu des castels (Castelbuono). Pareil à Sperlinga où le chateau se fond dans la roche; à ses pieds, l'ancien village dont les maisons sont troglodytes. Il paraît que dans ce coin, ils parlent un dialecte proche d'un français ancien; ce que l'on n'a pas pu vérifier, étant arrivés à l'heure de la sieste, le village semblait alors inhabité. Dans ces contrées ensoleillées,tout le monde sait que il pisolino, c'est sacré.


 

La fin de journée nous ramène vers la côte, à Cefalu, où on a retrouvé la foule des touristes autour du Duomo (3 routards sur le guide, ils ont été généreux) mais qui ne nous a pas plus plu que çà. C'est cependant un joli village sicilien dont la touche marine finit par faire l'unanimité. Ce que vous voyez est le port pour les appareils photos des touristes. Le vrai, comme tout ce qui est fonctionnel, est moins photogénique.


 

Après 2 nuits à Collesano, nous voilà partis pour notre 2° halte, en longeant le bord de mer de la côte Nord-Est. Sur le guide, ils ne s'étendent pas trop sur ces coins (sauf pour les partances pour les îles Eoliennes)  et à juste titre. Ce n'est pas très varié sauf en 1 ou 2 endroits. S'arrêter, ne peut pas se faire partout, les propriétés privées ne sont pas accueillantes et l'eau n'est pas accessible de n'importe où. Il y a pas mal de cailloux et les belles plages sont rares et grises. Les ponts ont de grandes enjambées au dessus d'un vaste lit de galets alors que la rivière n'occupe qu'une petite partie de l'espace au centre...en période sèche. Vers la pointe de l'île, les villages se touchent tout au long de la route.

A la pointe se trouve Torre Faro, avec en face la Calabre. Par ici ils attendent toujours le grand pont, promis par tous les gouvernements successifs, au dessus du détroit, vous savez, celui de Charybde et Scylla, d'où sort l'expression: tomber de Charybde en Scylla. On était à l'endroit où se tenait Ulysse, mais tout était calme sauf qu'à l'horizon, les nuages noirs menaçaient.

On a atteint Zafferana Etnea vers 18h. Au fur et à mesure qu'on grimpait le flanc de l'Etna, on rentrait dans le brouillard. C'était la nuit avant l'heure. Le GPS s'était mis en carafe. Les villages en hauteur sont pavés de dalles de lave noires et humides et glissantes. On a dérapé soudainement dans un virage. Serait ce le châtiment pour ceux qui se sont moqué d'Ulysse? On n'en menait pas large.


 

Heureusement, le propriétaire du B&B, gai comme un Italien ... nous a accueillis  à bras ouverts. Avec 2 mots de Français, 3 d'Anglais et le reste en Italien, il nous a raconté ses virées à moto en Europe. Vroum vroum est un langage qu'on comprend. Le copieux petit déjeuner avec ses croissants fourrés de crème nous aide à regarder dehors la pluie qui tombe. On a passé la journée à visiter Zafferana où il n'y a pas grand chose à voir. Il paraît que de l'esplanade de la place centrale, on voit la mer, on a fait confiance. Le lendemain, c'est un peu mieux, mais de la terrasse du B&B on ne voit toujours pas le volcan, toujours caché dans les nuages. Toarmina n'était pas loin.

3° siècle avant JC, les Grecs devaient contempler la baie après avoir applaudi les acteurs de la pièce de théâtre. Des pièces qui n'avaient rien à envier aux pièces qu'on peut voir de nos jours, il y avait déjà toute une machinerie destinée à créer des effets spéciaux. La petite différence par rapport à maintenant c'est que même les rôles de femme étaient tenus par des acteurs. Dans pareil lieu, l'homme devait se sentir à mi chemin entre les bêtes et les Dieux. Les Romains ont tout dévoyé.


 

Après un petit passage à Giardini Naxos, nous rejoignons le Gole Alcantara où la nature a joué les artistes. La couleur de la rivière n'est pas belle vu les fortes pluies de ces derniers jours. La couleur de la pierre est très douce par contre les dessins sont plus torturés. Un sentier botanique y est aménagé le long de la berge, mais mon regard se glisse sempiternellement au creux de la gorge.

D'anciennes coulées de lave figées au contact de l'eau, travaillées et retravaillées pour donner un cadre qui doit être enchanteur quand l'eau est cristalline et que la température de l'air avoisine les 30°C. Sur la berge froide de ce lendemain de pluie, j'ai vu 2 touristes endormis, rêvant certainement à leurs baignades de l'été dernier.


 

Miracle, un soleil éclatant nous tire du lit, c'est le jour ou jamais pour grimper sur l'Etna. Alberto nous dit qu'il ne faut pas rater le créneau car cet après-midi cela se couvre à nouveau. Là-haut, on n'était pas seuls. La veille, il devait y avoir ici beaucoup moins de monde. Franchement, l'ascension vaut le coup. Je mets 3 routards sur ce coup, même si le Piton de la Fournaise à la Réunion m'avait autrement impressionné avec sa palette colorée bien plus riche. La route qui y monte à partir de Zafferana jusqu'à Sapienza où se trouve le démarrage des cabines est super belle, d'un point de vue motard. C'est viroleux à volonté et la route est large. Le paysage est typique des paysages volcaniques. On peut voir les restes des maisons qui ont eu le malheur de se trouver sur le chemin de la coulée de lave, surtout du côté Sud, dans la descente vers Nicolosie.

Presque au sommet, les nuages nous avaient rejoints, enveloppant les fumerolles pour qu'on ne voit pas les brèches béantes. Fin Avril, à 3000m, il fait encore très froid. La neige est encore présente, çà et là elle compose avec les scories noires, des photos artistiques du temps des frères Lumière. La grimpette jusqu'en haut se fait en téléphérique et bus 4X4, c'est à dire sans effort. Mais on a vu des Spartiates jogger sur la piste qui passe sous les oeufs pour d'improbables records. Ils ont aménagé dans le coin une station de ski. Skier dans les fumerolles, cela doit être olympien.

Nous tournons dans le sens horaire. Aujourd'hui cap sur le Sud, le recoin des villes baroques. Comme on voulait visiter Noto avant la nuit, nous avons pris l'autoroute qui est fléchée en vert alors que les routes sont fléchées sur fond bleu, le contraire d'en France. Arrivés à hauteur de Catane, je réalise que nous serons trop en avance et décide alors de suivre les panneaux bleus...qui nous amènent à un cul de sac avec déviation qui nous ramène au beau milieu de  Catane. Mais nous étions en avance et nous étions en vacances. Notre B&B à Noto était réservé par les bons soins de l'ami Alberto, pas de souci en tête. Le B&B était dans une rue en pente, rentrer la lourde Pan en marche arrière pour la garer dans la petite cour ne fût pas aisé. Un petit repos et à pied, on découvre le coeur de Noto.


 

Le soleil de fin d'après midi y est sans doute pour quelque chose ou alors j' étais in the mood for...je suis tombé sous le charme de Noto. La couleur chaleureuse des pierres, l'harmonie des bâtiments, la richesse des décors, j'aurais pu flâner toute la soirée et plus encore. Notre hôte qui est spécialiste de l'art baroque, ayant écrit plusieurs fascicules sur ces monuments, m'explique que le tremblement de terre de 1693 ayant tout détruit, les architectes de l'époque n'avaient pas d'entrave pour rebâtir harmonieusement; je trouve qu'à Noto, ils ont fait mieux qu'ailleurs.


 

La nuit, au sortir de la trattoria, c'est aussi joli. Tous les beaux bâtiments sont bien mis en valeur par des éclairages savants. Même la petite ruelle secondaire a beaucoup d'allure. Ici à Noto je participerais volontiers à la passeggietta, cette promenade en famille ou entre amis, d'un bout de rue à l'autre, sans autre but que d'être ensemble et sentir la fraîcheur du soir après une dure journée. Un couple de vieux amis grisonnants marche devant nous en devisant. Que peuvent ils encore se dire, jour après jour, qui peut encore intéresser l'autre?

Autre haut lieu de cette Sicile Baroque, c'est Syracuse, si mélodieuse dans la chanson de Salvador. Elle aussi est chargée d'histoire et donc de monuments. Elle englobe une île ultra connue: Ortygie, qui se parcourt facilement à pied. Pourtant nous avons été moins conquis. Peut-être qu'il n'y avait pas l'éclairage, qu'il n'y avait plus le choc de la nouveauté, peut-être que Noto avait déjà surchargé nos cartes mémoire.

 

Les ruelles sont pourtant bien humaines, loin de la pauvreté; ruelles où il fait bon flâner, sans être bousculés sans être harcelés. Ruelles presque essentiellement piétonnières  pour cause de voies étroites avec leurs boutiques de souvenirs, de céramiques, de trinacria sous toutes les formes et matières possibles. 

Dans ce coin de Sicile, La plupart des principales villes sont classées au patrimoine mondial de l'humanité. Scicli est la plus petite. Alberto de Zafferana nous avait dit: c'est la plus authentique et Laura de Noto ne partageait pas cet avis. On a été vérifier par nous mêmes, nous continuons à préférer Noto.  Notre connaissance de l'art Baroque s'est un peu épaissie d'un coup. Il nous faudra réserver plus de temps pour cette partie de la Sicile à notre 2° voyage.


 

Nous continuons notre boucle et partons pour la région d'Agrigente en longeant le bord de mer. C'est un peu moins montagneux, c'est plus cultivé. La campagne est envahie de tunnels de plastique faisant office de serres. Mais il y a toujours çà et là de la place pour les orangers. Nous avons décidé de faire une cure d'oranges. Marchander en italien n'est pas aisé. Il ne voulait vendre ses oranges que par 5 kgs, il ne comprenait pas que pour nous c'était trop et qu'en moto, on ne peut pas emporter grand chose. Il croyait qu'on discutait le prix. De guerre lasse, il nous a donné 3 oranges et nous a envoyé au diable.

Nous sommes arrivés à l'hôtel de Siculiana Marina vers 17h. Après avoir déposé nos bagages, nous sommes partis à la recherche des fameux escaliers des Turcs. Les panneaux sont trompeurs, ils vous envoient vers les restaurants ou la plage du même nom. Pour atteindre les Scala dei Turchi, il faut pas mal marcher, près du rivage. En longeant la côte, par la route, on peut cependant les voir, d'un seul endroit et en contre-plongée. C'est moins impressionnant qu'Etretat mais ils méritent bien un petit détour.


 

Siculiana Marina est une petite station balnéaire bien tranquille, avec une belle plage de sable blond comme souvent dans la partie sud de la Sicile. La roche par ici, est blanche. La Normandie, la chaleur en plus, les galets en moins. Elle a l'avantage d'être située non loin de la fameuse Vallée des Temples. L'hôtel se trouve sur la plage. On attendait l'heure du repas, le soleil fut long à se coucher, on n'a pas eu la patience.


 

Avec l'Etna, c'était l'un des buts du voyage: la Vallée des Temples. Il est temps de s'y rendre. La voie rapide en hauteur nous amène à la ville d'Agrigente et à partir de là, c'est très bien fléché. Le site se trouve en dehors de la ville. Lorsque vous arrivez par l'Est, vous voyez les colonnes dressées du temple d'Héraklès par en dessous, cela vous intimide un peu. Il y a 2 entrées, une à chaque extrémité de l'axe de crête de la colline, avec 2 parkings respectifs où il y a toujours quelqu'un qui s' improvise gardien et qui vous réclame 2 ou 3 Euros pour la garde de votre véhicule. Payez, et vous serez surs que votre moto sera bien gardée.


 

Le temple le mieux conservé est celui de la Concorde. Il trône au milieu du parcours. Ces temples ne servent sans doute pas à grand chose avec leurs grands vides mais leur présence impressionne. De là, on voit la mer au loin et les ondulations des collines tout autour. L'étendue des lieux, l'espace environnant et le relatif calme concourent à rendre ce site majestueux. Certains ne s'y sont pas trompés, il y a des centaines de sépultures creusées dans la roche çà et là. Quand on choisit un site aussi beau, on est sur d'être dérangé pour des siècles et un peu plus.


 

Un artiste a mêlé ses énormes oeuvres de bronze à la pierre antique. elles sont du même tonneau, les traits des formes suivent les mêmes canons esthétiques qui avaient cours dans la Grèce au temps de sa splendeur. Les hommes sont plus beaux que les femmes, elles ne sont que des faire-valoir. Ces amants sont disposés à l'entrée, du côté du temple d'Hera. En les voyant, je savais déjà que la visite allait me plaire.

Le choix des photos pour cette partie est très difficile, toutes les oeuvres se valent. Il faut y aller pour voir tout çà en réel, mais dépêchez vous, l'exposition ne dure que jusqu'à Novembre de cette année. Les oliviers plusieurs fois centenaires resteront plus longtemps, ils continueront à donner de l'émotion aux colonnes de pierre.


 

La villa del Casale se situe pas trop loin d'Agrigente. On s'enfonce dans la Sicile de l'intérieur. Ils sont en train de modifier le réseau routier et le GPS s'est fatigué en calculs et recalculs au gré des déviations. Toute cette route pour çà...peut-être qu'il faut attendre un peu avant d'y aller. La villa del Casale est en cours de restauration depuis 2008, et c'est loin d'être terminé.

C'est une superbe vieille propriété(4° siècle post JC) découverte tardivement dont on ne sait pas grand chose, entre autres au sujet des premiers propriétaires. C'est certainement une maison de riches vu la richesse des décors, du nombre de mosaïques des nombreuses pièces de la villa. Mais c'est très dégradé et les couleurs sont bien passées. On est quand même surpris de constater que le bikini ne date pas d'hier, c'est sans doute là la seule surprise.

La villa del Casale se situe près de Piazza Armerina, une ville qui ressemble à la plupart des villes siciliennes, avec son église impressionnante érigée tout en haut et ses chapelets de maisons  agglutinées à ses basques. Là, les pavés de lave noirs ne jonchent plus les rues, on est loin de l'Etna.

Dans les pays où sévit la mousson, on finit par s'y habituer: se prendre tous les soirs une douche. Une douche chaude mais qui par rapport à la température extérieure vous rafraîchit, on peut même aimer. Ici, comme dans toute île sans doute, les nuages vont très vite, il peut faire très beau le matin et s'assombrir dans l'après-midi. De plus, ces dernières années et ceci dans le monde entier, le climat est de plus en plus perturbé. Des touristes nous disaient qu'en Angleterre à l'heure où on discutait, il y faisait plus chaud qu'en Sicile. Avril, c'est sans doute un peu tôt pour se rendre par ici. On voyait bien à l'horizon que ce n'était pas bon, mais on devait rentrer. Le ciel était vraiment inquiétant juste avant que les gouttes ne tombent, on a même eu droit à 1 coup de tonnerre. La clarté, à ce moment ultime de basculement des éléments, avait quelque chose d'outre tombe.

 

Les matins, il faisait toujours beau. On est en route pour Marsala, dernière station de ce séjour. La route est bien dégagée. La circulation en Sicile n'est pas trop un problème, sauf dans les villes, à cause des embouteillages et du nombre de scooters qui se faufilent de droite et de gauche. Les siciliens ont horreur du vide: je m'appliquais à laisser un espace de sécurité entre la voiture de devant et moi-même, il s'en trouvait toujours un pour  me doubler en catastrophe et se mettre devant moi. Ils interprètent les panneaux à leur manière, il faut dire qu'au sujet des panneaux, c'est beaucoup de n'importe quoi. Prenons le cas d'un stop (ils n'ont pas de balise de priorité), personne ne respecte le stop en s'arrêtant, ils font comme si de rien n'était et s'engagent toujours. Mais si vous insistez en ne freinant pas, ils vous laissent passer sans problème. A leur manière, ils respectent le panneau de stop. Surtout, s'ils n'ont  pas de panneaux, méfiez vous: freinez. Je n'ai pas eu de frayeurs. Il faut toutefois être très vigilant en roulant. Il est vrai que si vous avez déjà conduit dans un pays comme le Viêt Nam, vous êtes paré pour tous les types de conduite.

Le Marsala, vous devez connaître, une sorte de Porto Sicilien. De vraies vacances je vous dis, en plus du flacon, vous avez l'ivresse. Mais j'ai été déçu par celui de la maison Pellegrino, peut-être est ce dû à l'accueil "on ne visite que sur rendez-vous...". A Marsala je n'ai pas trop apprécié le Marsala alors qu'il m'avait subjugué dans une trattoria de Zafferana, quand le serveur nous en avait apporté en guise de dessert.

 

La richesse de Marsala repose également sur le sel et ce, depuis des temps immémoriaux. On est resté un peu sur notre faim après le visionnage du petit film dans un des moulins à vent. On y apprend que ces moulins servaient au transvasement de l'eau de mer.  

Rien de concret du travail du sel n'était visible vu que nous étions hors saison. J'image que travailler le sel sous le soleil d'Août doit être une forme d'enfer. Est ce que savez ce que c'est que ces tortues échouées sur le sable? 

 

Marsala se trouve sur la côte Ouest, la Sicile Africaine avec sa spécialité de couscous aux poissons, qu'on n'a pas pu goûter parce partout où nous sommes passés, il fallait commander à l'avance. Au dessus, se trouve Trapani d'où part un téléphérique qui vous amène à Erice, situé quelques 700m en hauteur. D'en bas on ne voyait pas le sommet caché par un gros nuage et une fois en haut, on ne voyait pas grand chose parce que caché dans le nuage. C'est une ville avec beaucoup de vestiges normands mais ce jour là, on se serait cru en Ecosse.

Encore plus au Nord, la réserve de Zingaro, qu'on parcourt à pied à partir de Scopello, nous donne un aperçu de ce que pouvaient voir les premiers habitants de l'île.  Des criques de rêve, des bleus profonds, mais les phoques sirènes ont disparu. En Avril le coin est relativement désert, mais la fraîcheur de l'eau ne vous permet pas de profiter pleinement de ces recoins paradisiaques, on ne peut décidément tout avoir.

Dernier jour en Sicile. Il nous faut rejoindre Palerme pour reprendre le ferry. Nous y arrivons assez tôt pour ne pas être bousculés. Sur le front de mer, nous repérons une trattoria sympa où le cuistot au vu et au su de tous, faisait griller des poissons sur un barbecue. C'est le seul endroit où on a vu, sur la carte, un menu. Un menu complet depuis le hors d'oeuvre jusqu'au dessert. Les portions de chaque plat étaient correctes. Dans tous les autres restaurants, à la carte uniquement donc, les portions étaient tellement exagérées qu'on n'a jamais pu finir entièrement un plat. Les Siciliens sont de gros mangeurs.

Repus et vu le temps restant avant l'embarquement, nous décidâmes de faire un tour,à pieds, pour une dernière série de photos. Un jardin un peu mal entretenu mais avec des spécimens impressionnants  se situait pas loin du restaurant et possédait des bancs accueillants.

Divers moyens de locomotion. La carriole, c'est pour les touristes. Inutile de vous dire que cela participe bien à créer de bons embouteillages. Le 3 roues au premier plan est bien plus typique et plus répandu. On en voit partout et il continue à rendre de bons services. Leur chauffeur ont toujours l'âge de leur véhicule.

Dans les grandes villes comme Palerme, Marsala, on ressent davantage la pauvreté qu'à la campagne. Par décence, je n'ai pas pris de photos encore plus réalistes. Pourquoi ce panneau cerclé de rouge?

On avait laissé la moto cadenassée sur le boulevard de front de mer(2 fois 3 voies), bondé de voitures, scooters, vélos, piétons, pas très loin de la trattoria où on avait superbement mangé. Je ne vous dis pas le choc à notre retour de ne point la retrouver. Vous supposez la suite, la galère pour trouver le bon bureau, où on arrive à se faire comprendre, pour pouvoir faire la déposition de vol. Sachez que ce n'est pas la Gardia Municipale, ni la Polizia, ni la Guardia Finanza mais les Carabinieri et encore au premier poste, il n'y avait aucun interlocuteur parlant Anglais ou Français, il a fallu qu'on remonte jusqu'à Carabinieri Pretoria.  Ils nous ont clairement dit qu'on ne reverra pas notre moto. Allo Maman Assistance Bobo...

Sur le Guide du Routard il y a marqué: ne soyez pas parano; je rajouterai: surtout dans les petites villes ou à la campagne. Dans les coins touristiques, il faut cependant faire très attention aux éventuels voleurs à la tire, lorsqu'on vous rend la monnaie...en France, jamais je n'ai vérifié le billet de banque qu'on me tend. J'ai vu pour la première fois de ma vie un faux billet. Ici, les Siciliens m'ont appris à les reconnaître (billet de 20 Euros), de toujours passer l'ongle au bon endroit. Tout le séjour s'est tellement bien déroulé que le final m'a désarçonné. Mais ce qui m'est arrivé peut tout à fait se produire ailleurs.

Je recommande chaudement la Sicile à tout le monde car il y a vraiment beaucoup de belles choses à voir.

 

 

Voyage de 16 jours...Fin Avril 2011...1 moto Pan European ST1300...2 Personnes...Périple de 2500 Kms interrompu à Palerme...Pour la traversée en ferry, préférer les couchettes, même si cela représente un surcoût par rapport aux fauteuils Pullman; avec ces derniers, disons qu'il faut être jeune...5 stations de base, autour desquelles on a rayonné: COLLESANO, ZAFFERANA ETNEA, NOTO, SICULIANA MARINA, MARSALA...En Avril, pour les hébergements, ce n'est pas la peine de retenir à l'avance, sauf peut-être les Agriturismi et encore. Attention tous les B&B du Guide du Routard ne sont pas ouverts à cette période...Dans l'ordre décroissant de coût: Hôtel, Agriturismo, B&B...Vu le temps et la météo,  Caltagirone et Avola ont du être déprogrammées, mais 15 jours, c'est suffisant pour avoir une bonne impression de l'île...Pâques n'est pas la bonne saison pour visiter la Sicile, c'est trop tôt, le temps est assez perturbé, mais la campagne est en fleurs. Je pense que Juin et Septembre sont de meilleurs mois, entre autres pour pouvoir se baigner...La conduite à la Sicilienne n'est pas un mythe, mais ce n'est quand même pas un problème...La Sicile représente un tourisme facile, il faut être seulement vigilant dans certains coins...On y mange trop: à la carte, ne commandez jamais un menu complet...On a découvert une pizza inconnue en France: la pizza fritta, non il n'y a pas de frites dedans...Les glaces sont vraiment Italiennes et pas chères; le coût de la vie est relativement élevé pour le poste hébergement, l'essence y est un peu plus cher qu'en France...

Nous avons préféré la partie Sud-Est pour les paysages volcaniques et l'art Baroque...