Home / Album - Balades / 1° balade en Norge8V
1° balade en Norge8V
Écrit par Chrise&Semeac   

 

 Cette balade sans thème majeur à part flâner par monts et par vaux et peut-être voir le Mont Aigoual que nous n’avions pas encore vu, a été le prétexte de la première grande sortie longue distance, plusieurs jours, de notre Moto Guzzi Norge8V. Au départ cette dernière avait un peu plus de 2500kms  pour un peu moins de 4100kms à l’arrivée. Quand je pars en balade, naturellement je prends les routes qui mènent vers le Sud. Cette fois-ci encore, je n’ai pas dérogé à la règle. Une fois en Espagne à Vielha, j’ai bifurqué vers le Nord-Est, vers les Cévennes via l’Andorre. Je constate une fois de plus combien les routes pyrénéennes espagnoles sont propices au roulage à moto. L’état de la chaussée, son tracé, le paysage autour, tout ne peut qu’enchanter.

 

 

 Cette année, le froid tarde à s’installer, les couleurs d’Automne ne sont pas encore exacerbées. En contrepartie, le temps est au beau et la température très clémente. Les tenues de pluie n’ont pas servi et les gants de rechange étaient inutiles. Tout en haut, en Andorre, en fin d’après-midi, dans les recoins à l’ombre il faisait quand même frisquet. Nous sommes quand même fin Octobre. Andorre-la-vieille est égale à elle-même. Je suis passé là il y a bien longtemps, il y a au moins 10 ans et rien n’a changé, toujours la même circulation chaotique, les sempiternels travaux tous azimuts. Toutefois, les magasins m’ont semblé moins bondés, les rues un peu plus vides. Dans les magasins de motos il y a encore des affaires à faire malgré Internet, j’en ai profité pour équiper la Norge8V. 

 

 

 

 Au sortir de l’Andorre, la remontée vers le Mont Aigoual nous fait traverser l’Ariège, l’Aude, le Gard. J'ai privilégié les routes départementales pour être tranquille. Sur ces types de route, le macadam alterne portions lisses et tronçons rafistolés, beaucoup plus ces derniers d'ailleurs. Je confirme que les suspensions de la Norge8V sont un peu moins confortables que sur ma précédente monture mais on ne souffre pas outre mesure, il faut également jouer beaucoup plus du sélecteur de vitesses. Le changement de département est souvent très perceptible, on le voit à l'état de la chaussée. L’emploi des gravillons est encore très répandu dans nos campagnes et réellement crispant. Il me semble qu’en Espagne on en rencontre moins, mais comment font-ils? Parfois au détour d'une crête, on rencontre des portions d’une grande harmonie. 

 

 

 En s’écartant de la ligne au cordeau entre Roujan et Anduzes, nous faisons un crochet vers le Cirque de Mourèze malheureusement accessible qu’à pieds. Ce sera pour une autre fois car le peu visible de la route est prometteur. Nous contournons tout de suite après, le Lac de Salagou par la gauche où se trouve le village abandonné de Celles. Par ici, la terre est couleur rouge-lie de vin. Ce village devait être submergé par la création du lac mais est toujours au sec et restera au sec vu que le niveau de l'eau ne va pas monter plus haut. Beaucoup de maisons sont délabrées mais certaines mériteraient d’être restaurées vu la beauté du site. De l’autre côté des Pyrénées beaucoup de villages ont connu ce sort suite à leur politique d’irrigation à grande échelle. Voir des toits émergeant dans ce cadre limpide inspire toujours de la mélancolie.

 

 

  Au nord de Saint Jean de Fos, la rivière Hérault sort de ses gorges. C’est le point tant attendu pour la traverser, qui en train, qui en véhicules à 2 ou 4 roues, qui à pieds sur le  Pont du Diable, le plus ancien. Chacun ayant son pont, cela donne un petit fouillis d’arches, un lieu de convergence, une espèce de croisée de chemins. A cet endroit la rivière forme bizarrement un vaste cratère profond, une invitation à un plongeon du haut du pont. C'est le haut lieu de rendez-vous estival au dam des piscines du coin, mais y a-t-il une piscine à St Jean de Fos ? Dans le sable, se mêlent des cailloux inconfortables, on est loin de la mer. Fin Octobre 2014 on pouvait y voir encore des baigneurs.

 

 

 

 Après Saint Guilhem le Désert, qu’on a osé traverser sans s’arrêter, les gorges de l’Hérault ne sont pas spectaculaires mais suffisantes pour quelques canoés. L’eau y est vive, d’une belle couleur bleu-vert. Un guet avec une construction inhabituelle a attiré nos regards. Le désert, en association d'idées avec protestantisme et non avec vide. Le lieu est encombré de monde, la rançon d'être classé un des plus beaux villages de France. La route qui longe la rivière est rafraîchissante puis se perd dans des méandres rocheux sans originalité marquante, avant de se tendre en longues lignes droites lors de l’arrivée sur le Causse qui est beaucoup plus désert.

 

 

 Plus au nord, se trouve Anduzes et la Bambouseraie de Prafrance qui date de 1855, crée par Eugène Mazel. Je recommande chaudement la visite de ce jardin principalement consacré aux bambous. On y trouve également des arbres magnifiques comme des chênes et des séquoias géants, plus que centenaires. En ce lieu, les bambous, plus de 50 espèces, se sont acclimatés au point d’en faire une enclave, où on est transporté, une fois le billet d’entrée acheté, hors de France, en ces endroits où jadis le paravent vert était la limite de l’autorité royale.

 

 

 Ce n’est pas un arbre mais plutôt à ranger dans le registre herbe malgré sa taille 25m et son diamètre 20cm. Il n'a pas de branche. Chez lui, tout n’est qu’élégance raffinée à part ses rhizomes qu’il cherche naturellement à cacher. Ces derniers fusent tout azimut et sont difficiles à canaliser. Il n'est pas uniquement vert mais peut être également jaune ou noir. Il est plus ou moins grand, et plus il est grand et plus il est majestueux. Le bambou est une ode à la verticalité, il crée un monde stylistiquement barré, rigide mais mouvant au gré du vent. On entend alors des sons de xylophones étouffés sur un fond de bruissement léger.

 
 
 

L’utilisation du bambou est vaste et variée. Dans la cuisine en plats de sautés de bambous qu’on mange à l’aide de  baguettes du même bois ou en soupe, il vous faut alors le Viridiglaucescens, mais tous les bambous sont comestibles. Textile sous forme de tissu, Génie civil en échafaudage et même armage de béton, Défense en haie pacifique contre les tigres, Equipement du motard sous forme de casque, Musique avec les flûtes, xylophones et autres pipeaux , Objets divers: canne à pêche, canne de marche, canalisations d'eau…Les 1400 espèces ont toutes une utilité. Pour la décoration, celui que je préfère est le Phyllostachys Edulis Bicolor.

 

 

 Au petit matin dans les gorges de la Vis, plus encaissées que celles de l'Hérault, il faisait presque froid. Le soleil n'avait pas encore atteint le creux et la Vis très vive renforçait l'impression de fraîcheur. La semaine avant notre venue, il y a eu un épisode cévenol et le lit de la rivière en portait les stigmates et la route par endroit était effondrée.  A Madières, la D48 grimpe à flanc de falaise en zig-zags prononcés et on arrive sur le Causse, presque plat où le vent nous a accueilli ravi d'avoir un compagnon de jeu. La Norge dansait un petit peu mais toute la largeur de la route était à nous, le Causse était désert. On passe devant le belvédère de Blandas et c'est le début de la descente et c'est le choc visuel.

 

 

  Le Cirque de Navacelles, c'est beau vu d'où on s'était arrêté. Nous avons fait une halte d'une demi-heure pour tout voir et nous en imprégner. D'ici on avait l'impression de voir une pyramide dans un écrin vert. Pas un bruit, le vent était bien plus haut. La route entaille les flancs çà et là, bien plus visible que les multiples chemins de randonnées, qui sont autant de chemins de croix. Mais tous les randonneurs qu'on a croisés avaient l'air radieux. La route descend lentement, très lentement, avec forces contours jusqu'au fond du creux. Une fois au fond, nous avons éviter le village silencieux par peur de déranger et nous avons gravi lentement, le plus lentement possible la route d'en face pour ne rien manquer.

 

 

 Plus à l'Est la Couvertoirade est un autre "un des plus beaux villages de france", très bien conservé, à part quelques toits rouges. C'est un village fortifié, une muraille en fait le tour. C'était un lieu pour Templiers. Il était un peu tombé à l'abandon avec la disgrâce de l'Ordre. On y rentre comme à l'époque par la porte passant sous une tour. Les ruelles pavées pour la plupart sont certainement restées telles quelles. Les Américains de passage doivent être séduits. Beaucoup de maisons sont transformées en restaurant ou en boutique d'artisanat. Il y a un programme de restauration, le péage du parking à l'entrée  participe, en partie, au financement. Il faut noter que les motards ne participent pas, pour les motos, le parking est gratuit.

 

 

 Située en hauteur l'église domine, sobre. En sortant à gauche, un cimetière y est accolé. Des stèles discoïdales témoignent de l'ancienneté. Bizarrement le cimetière a été coupé en 2, une partie est à l'extérieur des remparts. Il n'y a plus beaucoup de stèles, sans doute volées et dévoyées de son utilisation première. Je trouve le design joli, plus que les croix qui peuplent maintenant les cimetières. A partir de quand les croix ont elles ravi la place des stèles? Au pays Basques elles reviennent en force, avec le fameux Lauburu. Ici les gravures sont plus variées. 

 

 

 En allant vers le Mont Aigoual, la topographie de la route change. Après la semi platitude des causses, on zigzague pour atteindre les hauteurs. Les Gorges de la Dourbies sont enserrées par 2 routes, on ne savait pas trop laquelle prendre, on a pris celle de droite. La route est très étroite et très peu empruntée. on ne voit pratiquement pas d'habitation. Les camping-cars ne doivent pas se sentir à l'aise par ici, d'ailleurs, on n'en a pas vu. Même avec une moto-GT, lorsque l'on croise une voiture, il faut fortement ralentir. La route entre Saint Jean du Bruel et l'Espérou m'a semblé longue. Mais vu tous les virages serrés, on ne peut pas s'endormir. Après le col de la Serreyrède, on a de beaux points de vue.

 

 

 

 Semblable à un château fort dominant la région pour mieux voir venir les ennemis, l'Observatoire est une station météorologique d'altitude, habité toute l'année. Ce n'est pas un endroit isolé car les routes d'accès sont faciles et le parking vaste. Beaucoup de monde pour voir le paysage et sentir le vent d'altitude. Lorsqu'il y a la neige, les déneigeuses doivent venir jusqu'ici, la station de ski de Prat Peyro n'est pas loin.  Il est bâti sur le sommet le plus haut des Cévennes mais autour, la concurrence est rude.

 

 

 

 

 

 Cela aurait pu être une belle carte postale d'automne, mais les couleurs ne sont pas encore là. Pourtant le vent frais ce jour là en avait la saveur.  La vue porte quand même loin et les lignes de crêtes bleutés nombreuses. Le vent vivifiant, l'immensité de la vue, le silence planant, le vide, l'absence de monde autour, on aurait pu se croire sur un toit du monde.

 

 

Un joli pont au dessus d'une rivière. Dans le Gard dans certains coins, il y a beaucoup plus de ponts submersibles. Les routes qui y mènent ont souvent une barrière pivotante à demeure qu'on ferme à la circulation en cas de crues. Cette année avec tous les épisodes cévenols qu'il y a eu, les barrières ont beaucoup servi. On a du mal à s'imaginer que le petit ruisseau qui coule là peut monter brutalement de 2m. Avec le dérèglement climatique, les gens qui habitent dans ces zones ont du souci à se faire.

 

 

 Vu de loin, cela donne une impression de prairie mais entre les touffes, il y a beaucoup de roches. C'est un pays sec et le sol est pauvre. Cela forge une âme. On peut comprendre que le protestantisme sévère puisse s'ancrer ici.

 

 

 

  Clouée sur une porte, simple porte bonheur ou pour repousser les mauvais esprits? Dans les âmes simples, les mauvais esprits passent forcément par la porte. C'est cependant moins lugubre que dans les Baronnies Pyrénéennes où autrefois on pouvait y voir un oiseau genre corbeau ou chouette.  La fleur symbole de la région du Larzac ne mérite pas ce sort. Je préfère son nom de Cardabelle ou Carline à feuille d'Acanthe plutôt que Cardouille. Il paraît qu'elle prédit le mauvais temps. Les bergers du causse mangeaient sa fleur. Maintenant c'est une espèce protégée car en voie de disparition. On voit cependant encore quelques portes avec cette décoration, de moins en moins, comme on voit de moins en moins de médailles agrafées sur les poitrines des militaires les jours de cérémonie.

 

 

 Fin Octobre 2014, les mouches étaient encore en pleine forme, à prendre le soleil sur le top-case accueillant, tels des points noirs sur le visage. La Norge8V a parfaitement fonctionné, l'équipage a apprécié. Que ce soit l'autoroute, les départementales, la montagne ou la ville, elle est à l'aise partout. Faire un demi-tour parce qu'on s'est trompé de route n'est pas synonyme de galère. Seule la portion d'autoroute m'a fait regretter que le guidon soit un poil trop sur l'avant. Sur le Causse du Larzac, le vent était un peu turbulent, le comportement de la Norge8V est resté très sain. La passagère, un peu plus coincée entre le pilote et le top-case que sur la K1200GT, se sentait plus en sécurité pour se tourner et se retourner dans tous les sens, pour prendre des photos. C'est vrai qu'il faisait beau, pas trop chaud, le temps idéal pour rouler à moto. Ce n'était pas le bonheur absolu mais on le sentait à portée.

 

 

 

 Périple d'un peu plus de 1500kms, fin Octobre 2014. Nos 2 points de chute:

 Hôtel Bayle 88,av. d’Ax les thermes 11340 BELCAIRE. Petit hôtel tranquille dans un petit village qui demanderait à être rafraîchi. Notre chambre donnait sur la rue qui est la route principale. Mais comme il n'y a pas de circulation, c'était le calme complet. Le repas était très correct mais on était seul dans la salle. Un garage fermé pour abriter la moto. Rapport Qualité/prix correct.

 Chambre d'hôtes La Pousaranque Meilhac Domaine Evesque 30610 SAUVE. Un grande batisse bourgeoise ancienne avec un imposant escalier. La propriétaire sait recevoir. Grande chambre avec alcôve mais on sent que la salle d'eau a été rapporté. Les repas se prennent dans le restaurant chic à côté (même famille). Repas de bonne tenue. Le petit déjeuner est copieux avec de la confiture maison délicieuse. Réservation minimun 2 nuits. Les prix sont corrects vu les prestations. Il y a un garage couvert non fermé pour les motos.