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Scandinavie, suite
Écrit par Chrise&Semeac   


     Le Cap Nord atteint, la mer barrant la route, il fallait faire demi-tour. Certains passent par la Finlande. Voulant réserver ce pays pour un autre voyage, nous avons rejoint directement la Suède. En traversant la frontière, la différence ne saute pas aux yeux, on ne comprend pas mieux la langue, le paysage nous paraît familier et puis, nous sommes toujours sur les terres Sami. Le musée de Jokkmokk est moins bien fait que celui de Kautokeino, ou alors après Kautokeino, l’attrait de la nouveauté s’était estompé. A Jokkmokk, une belle église en bois mérite un détour. A l’intérieur, nous avons été surpris d’avoir eu droit à une explication de celle-ci en Français dans le texte.

 

     Dans cette Suède du Nord, le paysage est une succession de forêts et de lacs. Une forêt à droite de la route et à gauche un lac ou le contraire. Beaucoup d'eau, beaucoup de lacs et son corollaire : les moustiques. Un soir, lors d’un campement dans une forêt, loin d’un lac visible, nous n’avons pu rester dehors tellement nous étions harcelés. Malgré les moustiquaires à toutes les ouvertures, certains opiniâtres arrivaient à trouver une faille. leur vrombissement si caractéristique, est identique ici à ce qu'on entend en France. Ils nous ont réveillés dans la nuit plusieurs fois. Pas une fois en Norvège nous avons été confrontés à ces attaques. Bizarrement, à d'autres endroits, au bord bord d'un lac, ils nous ont laissés en paix.


     Comme on ne se lasse pas de voir de l’eau, nous sommes allés à Storforsens la voir sous forme de rapides assourdissants. Je suppose qu’en période de crue, le spectacle doit être encore plus énorme. Storforsens est le rapide le plus impressionnant de cette rivière qui en comporte pas mal le long de son parcours. Je me suis demandé si quelqu'un avait tenté le rafting à cet endroit. En retrait de cette fureur, des filets d’eau attirent des baigneurs. C’est un coin bien aménagé pour les parties de pique-nique. Les Suédois ne s’en privent pas, le lieu est pris d’assaut.


     La végétation est identique à celle qu’on voyait en Norvège. Dans les parties imbibées d’eau prolifèrent des herbes qui arborent un toupet blanc ressemblant beaucoup au coton. Dans les lacs, les nénuphars à toutes petites fleurs abondent. Les fleurs rouges qui nous séduisaient en Norvège égaient de la même façon les bas-côtés de la route. En roulant, des demi-boules marron-orangé dans le sous-bois ont attiré mon regard. Une rapide inspection m’a fait constater que la forêt regorge de bolets roux ainsi que de myrtilles, qui  n'intéressent pas grand monde. Les champignons sont intacts de toutes morsures, de limaces par exemple.

 

     Les maisons sont également les mêmes, toutes de bois coloré en rouge, les cimetières bis repetita avec leurs stèles rectangulaires sur une pelouse tondue. La monnaie est toujours la Couronne avec un change à peu près identique. Les routes toujours aussi longues et monotones. La densité de population toujours aussi faible. On pourrait se poser la question du passage effectif d'une frontière. Les Norvégiens sont plus riches que les Suédois, ils ont du pétrole et curieusement le coût du gas-oil est très proche.

 

     A bien regarder, ce n’est qu’au niveau des sapins qu’il y a une différence. Ici, ils ont des troncs bicolores : grisâtre en bas et orangé en haut. Le port des branches n’est également pas tout à fait le même. La côte sur ce Golfe de Botnie comparativement est bien moins belle de ce côté-ci. Sur les routes également, on roule à une vitesse un peu plus élevée. Il y a des particularités dans l’alimentation comme le poisson fumé qu’on mange avec une galette, ce qui est "so swedish". Le Surstromming est peut-être trop, j’en avais vu dans un magasin, mais la boîte de conserve était si bombée que j’ai reculé.


 

     Nous arrivons à Lulea près de la mer. Lulea est connue pour être la plus grande ville paroissiale de la Suède. Les pèlerins qui affluaient autrefois, étaient logés dans des cabanes rudimentaires formant un village compact. Ces cabanes sont habitées encore de nos jours, elles ont été mises aux normes actuelles. Mais certaines accusent leur âge et se démarquent par un déhanchement douteux. Je croyais les églises suédoises austères, ce n'est pas le cas dans celle-ci. La visite a cependant était rapide pour cause de cérémonie d'enterrement ce jour là. 

 


     La route E4 longe la côte mais de loin, tout au long, on ne voit pas la mer. On dirait que les Suédois ne sont pas attirés par elle. Même quand vous quittez cette voie rapide présentant des croisements avec des ralentissements à 70km/h en prenant par exemple la Kurstvagen, vous ne la voyez pratiquement pas. Il faut prendre des impasses étroites et mal entretenues qu’on pourrait douter que cela soit une route publique, pour pouvoir espérer, peut-être, la voir. A Docksta, un télésiège permet de prendre de la hauteur au mont Skuleberget. C’est une solution pour Mamie Papy ; pour les sportifs, il y a une via ferrata.


     La Kurstvagen soi-disant route côtière d’après notre guide est sur certains tronçons, une piste. Il faut avoir les suspensions aguerries. Elle est loin de longer la côte et la vision de l’eau salée se fait avec parcimonie. Elle longe parfois des petits lacs loin de la foule et en la parcourant, vous ne voyez pas foule. Le fléchage tout le long du parcours est bien fait, vous ne pouvez pas vous perdre dans la vaste forêt. Elle conduit de temps à autres à quelques beaux endroits comme les petits ports de Lorruden ou Skatan.

Parfois, il y a des clins d’œil malicieux

 

     Dans notre descente vers le Sud, ne voulant pas traverser les grandes villes comme Stockholm, nous quittons la côte pour l’intérieur, direction Malmo. Même en roulant vite, il faut quand même quelques jours. Quelques haltes de ci et de là, Rattvik où il y avait une concentration de vieilles voitures ce week-end là. Vu le monde, on peut dire que les Suédois adorent les vieilles voitures, surtout les vieilles américaines. Nous sommes passés à  Nusnes et ses chevaux rouges de Dalécarlie, Vadstena et son château, Grana et son Polkagris.

Dommage que les photos n'ont pas d'odeur...

 

Avant de prendre le pont qui relie la Suède au Danemark, près de Malmo, nous nous sommes arrêtés à Lund. Lund est une jolie ville avec un musée de plein air où on pourrait rester plusieurs jours. Les musées de plein air regroupent de vieilles maisons avec leurs intérieurs pour montrer comment les Suédois vivaient à différentes époques. Dans certaines, pourtant avec toit de chaume, c'était "home, sweet home". Mais il faut surtout venir à Lund pour sa cathédrale, imposante. Son horloge à gauche en entrant est d'une complexité astronomique. Elle attire son lot de spectateurs, lorsque il est midi, et que ses Rois Mages sortent sur la musique de In Dulci Jubilo. Il y a tellement d'aiguilles et d'inscriptions que je n'ai pas saisi toute les significations. Je n'ai pas vu l'heure par exemple, j'ai seulement vu qu'il indiquait la bonne date.

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>L'Horloge de la Cathédrale de LUND (Cliquez là):

 

 

     Un petit tour au Danemark pour clôturer ce tour de Scandinavie. Copenhague, la seule capitale que nous ayons visitée, ne m’a donné l’impression d’une grande ville, même vue du haut de la tour de Christianborg. Sa visite est bien agréable. Nous n’avons pas oublié de passer dire bonjour à la petite Sirène qui nous a semblée bien triste face aux touristes joyeux. Nous nous sommes  fait houspiller par les cyclistes sûrs de leurs droits parce qu’on divaguait sur leurs plates-bandes. La différence entre trottoir et piste cyclable est ténue. La présence de cette foultitude de vélos rend la ville chaleureuse, simple et humaine.

 

 

     On ne pouvait pas quitter le Danemark sans aller voir le Versailles des Danois qu’est le château de Frederiksborg. Le titre n’est pas usurpé et la visite est plus que riche malgré les travaux de restauration. Avant d’arriver au château, Helsingor ne manque pas de cachet. Beaucoup de touristes passent ici uniquement pour prendre le ferry pour aller en Suède, ils ratent de belles ruelles et de belles tranches de vie. Plus loin, plus vers la frontière avec l'Allemagne, Ribe présente le même aspect. Il faut venir là exprès, Ribe étant un peu à l'écart de la route pour monter au Cap Nord. Là, il y a par contre beaucoup de touristes. 

 

 

 

 

 

 

Impressions :

Voyage effectué en Juillet/Août 2016 avec notre camping-car. 12 500 kms parcourus en 32 jours. Camping sauvage sauf tous les 3 ou 4 jours, arrêt dans un camping pour se doucher correctement. Autant en Norvège, surtout au Sud, on rencontre des aires de services à profusion, autant en Suède, il est difficile de vidanger les eaux grises même dans un camping. En général ce sont des pays rêvés pour les camping-cars de par les étendues sauvages et le relatif peu de monde. Il y a quand même beaucoup de camping-cars surtout des autochtones. Les coins tranquilles où poser ses roues ne sont pas si évidents que ça dans certaines zones. Il y a peu de chemins ou de bouts de route « gratuits » en ce sens que la plupart de ces voies mènent à une construction privée.

Des 3 pays, la Norvège a notre préférence, et de la Norvège ce sont les îles Lofoten et Vesteralen qui resteront gravées dans notre mémoire. Lorsque nous nous promenions dans ce secteur, le beau temps nous a accompagnés tout le temps, cela fausse sans doute en partie nos impressions. Un Norvégien rencontré dans la région des fjords nous avait dit: "Dans les Lofoten, l'eau est comme du cristal...". Pas plus que dans d'autres parties de la Norvège. Nous préférons la nature à la ville et là c'est vraiment La Nature.

Il n’a pas fait très beau durant notre séjour, il a fait même froid au Cap Nord, 5 - 6° tout au plus en début d’après-midi, le vent assez fort, aidait le froid à mordre. Le temps est très changeant au cours d’une même journée. La pluie et le soleil alternent fréquemment. Comme le paysage est assez tourmenté, le temps qu'il fait ici, n'est pas le même 50 kilomètres plus loin. Mais en camping-car, cela ne gêne pas trop. Il paraît que 2014 a été une année idéale.

La coût de la vie est assez élevé pour un français moyen : pour un repas style plat du jour avec café c’est 28€, pour une assiette de « spécialités » comme sur le marché de Bergen (un peu de baleine, du saumon, du flétan, une brochette de crevettes accompagnés de salade et de frites c’est 39€, à Kautokeino, Entrée : salade d’élan, Plat : ragoût de renne avec crème fraîche, purée de pomme de terre, airelles, choux de Bruxelles, Café, C’est 50€ et tout avec de l’eau. Je n’ai pas regardé le prix du vin pour ne pas blesser mes yeux, mais sachez que le taux d’alcoolémie c’est 0,02g. Avec un verre, votre compte est bon.

Si vous avez amené une canne à pêche, vous ne pouvez pas mourir de faim. Il y a du poisson dans les fjords. Au poisson articulé comme leurre ou à la plume colorée, les merlans mordent. La première fois, en descendant vers l'eau, j'avais lancé: "fais chauffer la poêle, je te ramène le repas de midi"...je fus le premier surpris. Dans cette nature sauvage, ramener sa nourriture sans passer par le Leclerc du coin, s'auto-suffire, j'ai eu l'impression de revivre la vie des premiers hommes.

Le prix du carburant est plus élevé 1,45€ contre 1,10€. En Norvège, en plus du coût du carburant, il y a le prix du passage par les bacs et les tronçons à péages implantés surtout aux abords des grandes villes. Ces péages sont automatiques, prises de photos de votre véhicule à partir de caméras. Il faut s’inscrire avant le départ sur autopass.no. Le prix du carburant est à relativiser dans la mesure où la vitesse est très limitée et donc la consommation moindre.

On ne roule pas vite en Norvège, c’est souvent limité à 70 km/h et il y a beaucoup de radars. On n’est jamais pris en traître, ils sont toujours indiqués. Les Norvégiens sont respectueux des limitations, quand il y a mentionné 50, ils roulent à 50. Ils ne se mêlent pas de ce qui ne les regarde pas, ils vous laissent tranquilles. Nous avons eu partout une grande sensation de sécurité. Une chose intrigante tout de même: çà et là, on peut voir sur la route des tags de serpentins  de traces noires de pneus? Il doit bien y avoir par ici, les vendredis soirs, quand la bière coule à flot, des jeunes qui doivent se lâcher. Les scandinaves aiment bien montrer leur appartenance. A côté de leur maison, il y a très souvent le drapeau du pays flottant au bout d'un mât. Que ce soit en Norvège ou en Suède. 

Je vous recommande chaudement d’y aller faire un tour.