Je donne ici un complément à  l’article de JPR91, mes impressions sur ces deux machines. J’utilise la PC essentiellement sur parcours urbain, pour aller au boulot, ou pour montrer aux gens qu’une PC çà peut encore se glisser naturellement dans la circulation actuelle même sur longue distance. J’utilise la Pan lorsque je dois faire un long parcours ou lorsque je dois abattre des kilomètres sans musarder, surtout en duo.

Voici quelques éléments de cette comparaison entre ces 2 modèles, ceci doit relativiser cela : il y a quand même 13 ans de différence d’âge et donc de conception entre ces 2 machines. Ma PC arrive sur ses 77000kms et Ma Pan a environ 25000kms. L’essayeur mesure 1,65m et au niveau âge il est  à ranger dans le dernier tiers ; il est plutôt du type à sang froid ; il utilise régulièrement les 2  machines.

Conception, Esthétisme :

Comparons 2 machines ayant la même philosophie sorties à la même époque : Une BMW K75RT par exemple et une PC800, la PC esthétiquement fait beaucoup moins has been que la BM.

La PC comparée à la Pan, là on voit nettement la différence d’âge. La Pan est beaucoup plus pointue et la PC plus ronde. Mes garçons rangent sans discussion la PC dans la rubrique antiquité ; je suis plus partagé, surtout lorsque je regarde les 2 machines de l’avant, les 2 me plaisent. De profil, je donne une préférence à la PC, plus fine. De l’arrière, la PC est quand même moche. La Pan est la GT qui intègre le mieux ses valises latérales, sur les autres GT, on sent bien que les valises sont des rajouts. Une Pan, sans ses valises, heurte le regard.

Sur ce chapitre, il est difficile de les départager. Elles sont belles chacune à leur manière mais ni l’une ni l’autre ne peuvent prétendre au titre de reine de beauté, ayant chacune des points critiquables.

Position de conduite, confort, ergonomie :

Je préfère celle de la PC, la posture y est plus confortable sur longue distance, on y est assis plus droit, les jambes moins repliées. On se sent moins engoncé sur la PC parce que le réservoir est plus plat. L’énorme réservoir de la Pan donne l’impression d’avoir à demeure une sacoche de réservoir dans laquelle on aurait glissé un casque. On peut dire qu’on monte sur une PC et qu’on monte dans une Pan. L’avantage de ce gros réservoir, outre l’autonomie que cela procure, est qu’on fait plus corps avec la moto, particulièrement dans les virages. Ma Pan est équipée d’un rehausseur de guidon qui ramène ce dernier vers le conducteur mais pas suffisamment à mon goût et je suis un peu obligé de me pencher vers l’avant pour avoir les bras fléchis. L’envergure du guidon est moindre par rapport à la PC, est ce cela qui fait que la direction de la PC est plus légère ? La disposition des commandes est en tout identique et il n’y a pas de perte de repère lorsqu’on passe d’une machine à l’autre.

La vue sur les tableaux de bord donne de suite l’âge des machines ; sur la Pan c’est plus moderne et il y a beaucoup plus d’indications que le minimun légal de la PC ; par une belle nuit d’été, le tableau de bord d’un éclairage bleuté de la PC est plus reposant que l’orange vif de la Pan. Par contre le gros oubli sur la Pan est le témoin de béquille latérale. Combien de fois j’ai pesté d’avoir à redémarrer le moteur pour avoir enclenché la 1° sans avoir replié la béquille. Autre plus sur la PC est l’extinction automatique des clignotants, une fois qu’on y a goûté, on ne peut que difficilement s’en passer.

Autre point critiquable est la situation des repose-pieds. Sur la PAN ils se trouvent juste au niveau des mollets quand je dois poser les pieds à l’arrêt, ce qui fait que je suis obligé d’écarter les jambes, augmentant du coup la distance selle/terre; quand on ne mesure que 1,65m chaque cm compte. La position basse de la selle a été rendue encore un poil plus basse grâce à un petit bricolage de ma part. A l’arrêt, il vaut mieux avoir les pieds bien à plat quand le bestiau fait 300kgs. C’est  ce point important, cette disposition des repose-pieds et sans doute également la largeur du guidon qui fait que je préfère la PC en ville. J'ai l'impression de mieux maitriser la PC lors des évolutions à basse vitesse. L’encombrement, à 2 ou 3 cms près, étant identique, le poids, la Pan ne pesant qu’une vingtaine de kgs en plus, ne peuvent expliquer cette préférence.

Ultime facteur qui fait pencher la balance en faveur de la PC est son coffre, génial, on ne le dira jamais assez. On se demande pourquoi ni Honda ni un aucun autre constructeur n’ose ressortir sur leur machine cette solution, oh combien pratique. Charger un coffre par le haut est ce qui a de plus naturel. Quand on fait des courses, on a vite fait de le comprendre. Le coffre d’une belle contenance a en plus une forme pratique. Il est impossible de transporter un cartable, surtout avec un ordinateur dedans, dans une valise latérale d’une Pan, ses valises répondent à des critères uniquement esthétiques et surtout pas pratiques.

Pour les manœuvres à pied, la PC est plus maniable, 20kgs cela se ressent, mais pour les 2 c’est quand même la galère surtout sur gravillons ou terrains en pente. Avec elles, nul n’est besoin de faire des pompes pour s’entretenir. Une fois en selle, pour reculer, c’est souvent mission impossible, et on se prend à rêver de marche arrière. Pour béquiller, il faut prendre le coup ; avec la Pan il faut en plus toute son énergie. Pour déplier la béquille latérale, sur la Pan, il faut la chercher du regard, parce qu’elle est un peu encastrée, de plus elle est bien plus verticale une fois dépliée que celle de la PC, il faut faire attention si le terrain est légèrement en pente.

Pour cette rubrique, la PC gagne haut la main.

Roulage, Dynamique:

 Mais dès que l’on roule, c’est l’enchantement, tout n’est que douceur, calme et sérénité. A faible allure, les 2 sont agiles, avec les 2, on doit pouvoir faire les circuits lents du permis, avec des slaloms  moins resserrés parce qu’elles sont larges et longues. Mais la PC donne une telle impression d’agilité et de légèreté que la Pan est presque reléguée au rang de pachyderme. Dans les virages à faible allure, la Pan a plus tendance à s'incliner comme emportée par son poids.  Les petites routes de montagne ne sont pas un problème. En montée, rien de particulier, pendant un petit instant il semble même que la PC a un petit chouia plus de couple aux très basses vitesses, mais c’est très fugace car très vite le coffre du moteur de la Pan rétablit l’ordre. Cette impression m’est renforcée lors des rentrées dans la cour de la maison, où il y a un petit trottoir devant le portail, j’ai calé au moins 3 fois avec la Pan alors qu’avec la PC, jamais. En descente, la Pan est plus sécurisante. On peut compter sur un freinage efficace. Sur la PC, le couple moteur est plus important, couplé au frein à tambour, on peut bloquer la roue arrière sans forcer mais cela ne donne  pas un freinage d’urgence de sécurité. Il faut se résoudre à freiner plus tôt et espérer que le virage ne se refermera pas trop violemment. Un autre aspect est la remontée de chaleur du moteur. Parmi toutes les motos, la PC est la moto la mieux conçue pour çà, à aucun moment, on ne souffre de la chaleur. Le moteur est carapacé par une gangue de matériau isolant, l’air chaud est bien canalisé et rejeté loin du pilote, tout au plus en mettant la main sur la carrosserie plastique près de la selle, on peut sentir que c’est plus chaud qu’ailleurs. Sur la PAN, c’est bien différent : si on serre les genoux c’est très très chaud et si on les écarte, ils se trouvent dans le flux brûlant sortant des bouches latérales. En Automne c’est par contre confortable.

Sur route, qu’importe le type de route, la Pan fait nettement mieux que la PC. Si le macadam est lisse, si le temps est propice et que les virages sont gentils, la PC peut faire illusion surtout si on fait une sortie touristique. La PC peut prendre de l’angle beaucoup plus qu’un custom et la balancer d’un virage à l’autre procure un plaisir que ne peut donner une voiture. Dans toutes les autres occasions, avec la PAN c’est mieux, à toutes les vitesses. Elle inspire confiance et on roule l’esprit serein. On veut doubler : il suffit de tourner la poignée droite. La moto est propulsée en avant sans ménagement. Si on veut ralentir : il suffit d’actionner la pédale de droite, le dual-CBS dose le freinage à l’avant et à l’arrière. C’est un avantage en montagne en été quand il faut remonter une file de voitures par petits bonds. Le châssis est ferme il n’y a pas de désunion entre l’avant et l’arrière, on aborde les virages sans trop se poser de questions. Balancer la moto d’un virage à l’autre demande quand même un petit effort car la masse est bien là. Le châssis de la PC est fait d’un autre métal, la rigueur, elle ne connaît pas. Chargée, dans un virage soutenu, on sent bien la torsion de la structure. Le plus inquiétant c’est lorsqu’il y a des irrégularités longitudinales sur le goudron, la PC est alors animée d’ondulations pas très lascives. Il faut remarquer qu'au niveau confort la Pan est quand même ferme, quand le macadam est fripé on est un peu agité. Sur la PC c'est plus onctueux. C'est la même différence de sensation entre un matelas mousse et un à ressorts. Les 2 sont confortables sur longue distance, mais à l'arrivée on a le derrière moins mâché avec la PC. Une selle confort ne serait pas superflu sur une Pan. Cette dernière se rattrape au niveau freinage, celui de la PC est d’une autre époque, il faut anticiper. La nuit, avec un éclairage terne, l’attention est à son comble. Une critique, en plus de la chaleur que je pourrais faire sur la PAN est le son généré par le moteur : à certains régimes, il émet un sifflement lancinant pénible et lors des grosses accélérations, le grognement qu’il dispense n’a rien d’harmonieux. La PC est plus feutrée, on ne l'entend presque pas et au ralenti le bi-cylindres émet un  poum-poum très agréable et reposant.

Sur la route, il n’y a pas photo, la PAN est quand même bien plus agréable que la PC.

Dans beaucoup de revues qui décortiquent la PAN, il y a une critique unanime sur cette moto sur autoroute : la moto est instable ! C’est quelque chose que je ne saisis pas. Je ne ressens pas ma PAN comme cela. C’est vrai que je sors d’une PC, j’ai donc dû intégrer cette composante lors des grandes vitesses. Il faudrait peut-être que j’essaie une BMW RT à ces vitesses pour que je m’en rende compte. Dans le sillage des voitures, on est secoué avec une PC, plus d’ailleurs qu’avec une PAN, comment peut il en être autrement. Je n’ai jamais ressenti d’appréhensions particulières sur mes 2 machines. Le vent est un  paramètre indissociable de la vitesse. J’ai eu l’occasion de rouler avec la PC avec des vents cisaillants, c’est très éprouvant. Je n’ai pas encore eu l’occasion avec la PAN. Dans les 2 cas, le pare brise est efficace avec pour corollaire un niveau sonore élevé qui décourage le port d’un jet lorsqu’on parcourt une longue distance. La protection de l’ensemble du corps sous la pluie est bonne sauf au niveau des pieds. Pour les 2 il faut installer un blocage de la poignée d’accélérateur si on veut éviter les crampes car sur les 2 machines l’effort de torsion est important.

Sur autoroute, il est difficile de départager les 2 machines. Sauf dans les trafics denses où la PAN est moins stressante toujours grâce à son  freinage.

En conclusion,

Je dirais que les 2 machines sont sœurs. Quand on sort d’une PC, il est logique d’avoir une PAN, parce qu’il n’y a plus de PC neuves. Ces 2 machines possèdent le même esprit et incitent toutes 2 à la balade, surtout les longues, mais pas en prenant l'autoroute, trop rationnelle, trop droite, trop peu poétique. C'est ce que je recherche avec une moto: découvrir de nouveaux lieux avec une petite sensation de liberté. La moto donne cette impression avec toutefois la 3° composante en moins par rapport à un ULM. Nos 2 motos ne sont pas ultra légères, c'est dommage, le plaisir serait plus grand. Du point de vue passager, ma passagère préfère le confort de la PC, supérieure à la PAN, elle reproche à cette dernière une assise trop glissante, mais peut-être que sur la PAN les freinages sont plus énergiques ; par contre elle préfère la PAN sur autoroute car  il y a moins de remous. Il faudrait qu’Honda sorte aujourd’hui une PC un peu revisitée toujours aussi maniable, aussi facile, aussi douce, aussi pratique, aussi fiable mais avec un bicylindre plus puissant, oh pas beaucoup plus, un chassis plus rigide, plus léger et un freinage à la hauteur.